Par: Xavier Beauchamp-Tremblay

Les quelques personnes qui ont déjà lu une version de ce billet publiée ailleurs qu’ici cet automne me pardonneront mon recyclage, mais je m’en voudrais par les temps qui courent de ne pas essayer de faire un clin d’oeil à la reprise des activités dans la Ligue Nationale de Hockey, quitte à déplaire à ceux qui en sont déjà tannés.

Cela étant dit, comme dirait Michel Therrien, trêve d’excuses et passons au coeur du sujet:

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Plusieurs clients nous demandent de surveiller leurs marques de commerce contre les usurpateurs potentiels. Ainsi, lorsqu’un portefeuille de marques de commerce est sous notre responsabilité, on met généralement des alertes en place et ces alertes nous informent lorsque des entreprises (qu’elles soient ou non compétitrices) tentent d’enregistrer des marques de commerce pouvant prêter à confusion avec celles de nos clients.

Bien que fondamentale, c’est une mesure purement défensive qui, malheureusement, n’apporte aucun véritable avantage commercial sinon que pouvoir s’objecter à temps à une demande d’enregistrement problématique.

C’est l’équivalent, pour faire une comparaison hockeyesque, d’avoir un Hal Gill à la ligne bleue: un défenseur fiable, mais peu spectaculaire et ne pouvant certainement pas être considéré comme un prolifique marqueur. Je ferai ici un Gerry Rochon de moi-même en soulignant que Gill vient au 524e rang sur 593 pour la moyenne de points par matchs parmi les joueurs actifs ayant disputé plus de 100 matchs en carrière.

Il est cependant beaucoup plus rare qu’un client nous demande de surveiller ce que font ses concurrents en matière de marques de commerce… ou même mieux, de surveiller ce que les leaders de son industrie font à l’international.

Or, les registres de marques commerce existent pour une raison bien précise: informer le public des marques qui sont en usage dans les différentes juridictions (et de leurs propriétaires).

Par exemple, voyez ce que le registre des marques nous apprenait cet automne sur les intentions de McDonald’s:

Last month, McDonald’s filed for a trademark with the U.S. Patent and Trademark Office for use of its name on ground and whole-bean coffee. (voir cet article)

Imaginez ce que cette information a pu représenter pour les entreprises (des producteurs ou distributeurs de café moulu) qui n’ont jamais été des concurrents de McDonald’s, mais ont pu ainsi se préparer à cette nouvelle source de compétition.

Notez bien ceci: il est possible de déposer, et il est en fait très très fréquent qu’on dépose, des demandes d’enregistrement pour des marques sur la base de l’emploi projeté… donc avant même que la marque soit employée! Bref, même si le Registre s’appelle le « Registre des marques de commerce », on peut y trouver suffisamment d’information pour que ce soit en fait un « Registre des stratégies commerciales à venir ».

Ainsi, vous servez-vous du registre canadien pour surveiller vos concurrents ou concurrents potentiels? Anticipez-vous l’évolution de votre industrie en surveillant les marques que déposent les compagnies les plus innovatrices de votre domaine à l’étranger?

Probablement pas… mais vous devriez, parce que les registres des marques peuvent vous apprendre:

  • des informations, comme je le disais plus haut, quant aux prochains gestes et aux nouvelles stratégies commerciales des leaders de votre industrie, au Canada ou ailleurs;
  • des informations quant aux nouveaux mots clefs (ou buzzwords) de votre industrie.

En effet, les droits dans les marques sont (sauf exception) nationaux. Si vous surveillez ce que font les leaders à l’étranger et devenez les premiers à implanter une stratégie semblable au Canada, vous pouvez gagner un avantage considérable.

Au lieu d’un Hal Gill (et avec respect pour celui-ci), vous voilà peut-être avec une stratégie offensive digne de Joe Malone (pas celui-là, mais bien celui-ci).

Pourquoi Joe Malone? Pour le bénéfice de ceux qui n’ont pas décroché après la lecture du paragraphe ci-dessous au sujet des statistiques offensives de Hal Gill, notez que Joe Malone:

  • est le seul joueur de l’histoire de la LNH à avoir marqué 7 buts dans un match;
  • vient au tout premier rang pour la moyenne de buts par matchs parmi les joueurs à avoir disputé plus de 100 rencontres;
  • a joué pour Québec (y remportant la Coupe Stanley deux fois avec la défunte franchise des Bulldogs) et pour le Canadien et est donc susceptible de transcender les vieilles rivalités et ainsi de plaire à tous nos lecteurs, où qu’ils soient au Québec; et
  • est assez vieux pour apparaître dans des photos libres de droit, que je peux donc utiliser légalement pour illustrer le présent billet (Malone est en plein centre, juste derrière la mascotte canine de l’équipe):

Bonne saison (écourtée) à tous!