Par: Robert Galbraith Xavier Beauchamp-Tremblay
Vendredi dernier, en étirant mon heure de lunch, je suis allé me balader dans une librairie du centre-ville.
J’ai été amusé de voir que les employés du libraire en question, bien au courant de l’actualité du monde du livre, ont cru bon mettre en évidence le fait que le bouquin The Cuckoo’s Calling d’un certain Robert Galbraith était en fait l’oeuvre de J.K. Rowling, comme on l’a appris le 14 juillet dernier :
Puisque le pot aux roses semble avoir été découvert en raison d’une faute professionnelle de l’avocat de l’auteure (qui a confié le secret à sa femme, qui l’a ensuite confié à son amie qui semble ensuite s’être comportée comme une Rita Skeeter de salon), pas besoin de passer autant de temps à chercher une base pour un recours juridique qu’on passe de temps à chercher des horcrux. D’ailleurs, le dossier s’est réglé assez rapidement entre la firme fautive et l’auteure.
Mais théoriquement, le droit d’auteur (et en particulier le droit moral) aurait-il pu lui aussi servir de fondement pour un recours?
Je n’ai pas passé mon OWL en droit d’auteur britannique et je m’en remets à Wikipedia (je sais, je sais: pas le traité de droit le plus réputé) pour m’informer que le droit d’auteur au Royaume-Uni semble comporter 4 éléments:
- Right to be identified
- Right to object to derogatory treatment
- Right to object to false attribution
- Right to privacy
« Right to privacy » semble prometteur mais, sous cette rubrique, on parle plutôt du droit d’un auteur de conserver une oeuvre privée (par exemple une photo que l’auteur ne souhaite pas publier). « Right to object to false attribution » semble plutôt vouloir toucher les situations où un tiers se fait (faussement) passer pour l’auteur d’une oeuvre. On ne parle donc pas explicitement du droit de l’auteur de rester sous sa cape d’invisibilité et d’ainsi revendiquer le droit à l’anonymat.
Au Canada par contre, l’article 14.1 de la Loi sur le droit d’auteur dit:
14.1 (1) L’auteur d’une oeuvre a le droit, sous réserve de l’article 28.2, à l’intégrité de l’oeuvre et, à l’égard de tout acte mentionné à l’article 3, le droit, compte tenu des usages raisonnables, d’en revendiquer, même sous pseudonyme, la création, ainsi que le droit à l’anonymat.
Alors madame Rowling, la prochaine fois que vous écrivez sous un pseudonyme, transplanez-vous ici, juste au cas! Pour paraphraser Albus Dumbledore, être Canadien, ça a ses privilèges!